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Départs de feux — III/IV
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Tu nages nu jusqu’aux dents
Dans l’étang sans rides
Où se promène la lune
Le ciel et l’oiseau de passage
Tu regagnes les berges parmiLes rasoirs du roseauEt les maillets noirs des joncsTes pieds pris dans la vase etTa tête dans les étoilesMais commentSéparer les têtards et les astresL’odeur du painLe matin dans les rues de ParisLe parfum de cuirDans les voitures qu’on achèteLa fraîcheur d’apprêtDans le linge du dimancheEt ta peau qui remplit le monde
Salut aux vivants qui volentDans les poubellesEt dorment àLa belle chandelle de la luneSalut à ceuxDu nid-de-pie scrutant le cielSalut auxRescapés du grand pot-au-feuDu cosmosAmen à ce qui dure insoumis*LumièreSur la beauté du mondeParmi les mèchesDe cheveux fins tombésAutour du fauteuilVide du salonDe coiffure des ténèbresLumièreParce qu’on vit d’imagesDepuis la mèreQui s’occupait des langesJusqu’aux narinesInquiètes des lapins élevésEn cageEt qu’on mange en familleAvec le père*NuesLes unes se couvrentLes seinsLes autresSe cachent les cuissesEt le sexeOn se ditLes yeux pourquoi pasLes yeuxMais l’âme n’a aucunePaupière mêmeS’il arrive qu’elle pleureEt que la peau soitD’une herbe qui tremble
Les vieux rockersSont revenus s’agiter dansLa lumièreLeurs chiensSont enterrés ils n’ont plusLes mêmes femmesNi le cul dans le beurre deLeurs foliesLa voix est bonneEt le vieil engrenage de laMusiqueMets des anges d’époqueSur les dragstersDe la sonoLe rock chérie est de retour*Cahier d’un retour auPays natal…N’importe lequelPourvu que je puisseAvoir honteDe ma langueD’alouette et du pâtéDe chevalCombien combien deFois ai-je couruDerrièreMes genouxComme on testeUne armoire chez IkeaCombien de foisChanger de chaussetteDans la chaussureNeuve du mortAvant qu’on l’emmèneDans les règles*La mer gantée d’écumesLe vent baguéD’oiseauxEt d’iodes à chaque doigtL’aube auxAllures de geishaAgenouillée sur l’horizonDès qu’on ouvreEn grand la fenêtre au boutDu voyagePour respirer debout et faireEntrer le largeDans la chambre en désordreOù dort encoreSans pyjama l’amourQu’a fatigué une longue nuitDieu est ce qui estPréférez l’inverse une ombreDe mouetteSur la plage plus émouvanteQue dans le ciel
On n’a pas tenu compteDu nombre de foisQu’il faudrait repousserEt tirer l’air de l’airSans rompre la machineCe n’était pasPrévu pour une éternitéNi même un tempsPas pour tout leTemps mais longtempsPas les maréesQui vont sans fatiguesEt reviennentPas la lumière qui courtEt s’essouffleDans la noirceur du videNon mais justeTout juste assez pour direAvant de se taire*On auraitPresque pu écouter tournerAu ralentiLes rotatives du sangQu’encre le poumon gonfléDe la dormeuseDes vagues venues de loinViennent lécherSon corps de sable allongéDans la calanqueSecrète adossée aux rochesDe la garrigueÉboulée d’une lumière pureVeillant à l’horizon aveuglePrès de l’épouse InépuisableDe la page toujours blancheCe que le merle dans l’arbreOu la vitre dicte de beautés !*C’est une très jeune filleOn peutSe demander si le grandFleuveS’est déjà frayé un coudeEntreLes berges de ses cuissesSes yeuxSont des canyons à peineNavigablesPar temps de fortes pluiesElle ritComme des haies pleinesDe moineauxOn ne sait plus où se mettreSauf à tomber en pierreLancée pourRicocher sur l’eau d’un lac
Dans les garesPleines de monde presséEt de gensQui attendent les heuresSont des marbresQue personne ne regardePour les mortsLes déportés les victimesDe guerreMais rienPour les divorcésLes solitaires qui meurentÀ chaque train qui s’en vaLa nuit on chasse les SDFOn nettoieLes annonces se sont tuesLa police passeUlysse repart vers Ithaque*Ils vendaient des portesPar lot de douzeDes sabliersDe plastic pour retournerLes phrasesJe les ai prisPour des amis qui aimentClaquer les portesEt discuterRené Char qui rit très peuSouvent a trouvé çaRidiculeLa luciditéExposant au coup de soleil
Les poèmes ne veulent pasQu’on les écriveje n’écrisPas de poèmes j’écris à laCommandeEn AllemagneLes artichauts bretonsServent de garnitures pourLes tombesEt les couronnes mortuairesSeule la réalité est un poèmeJ’écris la réalité*Les yeuxComme les arbresRestent au fond de leur trouD’orbites et de chairsDont la paupière est frissonsDe feuillesJusqu’à ce que les regards seDispersent et perdentDe vue l’essorDes grands gypaètes royauxPuis tournentLe blanc de l’œil pourCreuser l’ombre et descendreOù l’ancienne laveTient les poussières au chaud
Les chaussures ont unAvantage sur l’éternitéOn peut les reprendreLes enleverSi le gazon est tendreSi l’eau estBonne pour traverserLes mortsQui s’occupent encoreDe toutPeuvent passerUn chiffon de laine surLe cirage noirDe la mémoire pour lesRendre neuvesEt briller du soleil douxDes souvenirs*Les caillouxNe sont pas bavardsCe qu’ils ont vu lesA rendus muetsIls aiment mieuxRester entre eux pourEn parlerEn quoi ils sontTrès semblables auxHommesQui vont écouter laMerL’eau des montagnesOu unConcert dans la nuitOn se demandeEncore ce qu’ils ontRetenu du voyage*Nuit d’été sans nuagesNacres débris d’huîtreDe moulesEt de coquilles creusesJetées d’en hautPar l’oiseau affamé quiVoulait les ouvrirAube aux crevettesRoses au bord de l’eauOù le petit hommeAvance et promène sonFilet de pècheOn attendra queSe renverse le feuillageArgenté du saulePour lire couchés sur leDos un peuDe l’antique récit secret
Depuis des heuresTout le jour et plus peut-êtreLe poème et moiN’étions pas inquietsNous rêvassions sans rien faireMais quelque chose manquaitSoudain l’impulsion avant queL’encre sèche etMeureElle attendait là c’était bien elle*Développez les possibles :Lorsqu’elle sutJocaste fit le ménageTua Œdipe épousa CréonMaria Antigone à TirésiasIsmène n’eut pas d’enfantQuand JocasteMourut dans son grand âgeLa rumeur persistaitOn disait Œdipe à AthènesMais le peuple deThèbes avaitD’autres chatsÀ fouetter la mort était auxPortes de la citéEt les enfants n’apprennentPlus le grec
Départs de feux – Un recueil inédit de Werner Lambersy, accompagné de 11 reproductions de peintures d’Emmanuelle Renard.
140 pages. Format : 21,5 x 22,7. Titrage : 300 exemplaires sur papier Rusticus 120 gr, dont quatorze exemplaires de tête enrichis d’une œuvre originale du peintre.
Prix des exemplaires courants : 30 €. Prix des exemplaires de tête : 170 € (frais de port inclus).
A commander directement à partir de notre site (http://www.editions-tipaza.com) ou par la poste à notre adresse, Éditions Tipaza – 82 Avenue du Petit Juas – 06400 Cannes, accompagné de votre règlement par chèque.
Illustrations : détails — Joseph Mallord William Turner