jeudi 2 février 2017

Accueil > Expositions > Beaucoup de filles et quelques garçons

Beaucoup de filles et quelques garçons

Exposition à la Galerie Mamia Bretesché

, Comité de rédaction et Jean-Louis Poitevin

Une exposition de groupe hétéroclite et joyeuse qui s’est tenue à la galerie Mamia Bretesché en janvier 2017.

I.

Ça a commencé comme ça ! : En voilà d’un titre pour une exposition ! Quelque chose vous choque ? Non ça m’amuse ! Et quel est le thème ? Je viens de vous le dire ! Ah, parce que c’est le thème ? Le thème c’est le titre et le titre c’est le thème ! C’est tout ? Non ! Quoi d’autre ? Des œuvres, beaucoup d’œuvres dans un espace accueillant. Grand ? Non pas grand ! Ça va faire fourre-tout ! Non, tout le contraire puisque ça va faire mélange des genres, rencontres inopinées, frôlements suggestifs ou grinçants, décalages involontaires, propositions incongrues. Mais ça va parler de quoi ? Si selon vous un exposition doit parler, alors tendez l’oreille : il va y avoir de quoi habiter, de quoi se vêtir, de quoi se promener, de quoi (se) voir, de quoi voyager, de quoi rêver, de quoi boire la tasse, de quoi revenir de loin, de quoi frôler le ciel et d’autres choses encore, tout ça en taille réduite. Vous entrerez dans un jardin des supplices ou des délices selon l’orientation de votre regard. Et puis il y aura des images bien sûr, toujours des images et des objets et des dessins, des gestes et encore des gestes, visibles ou secrets. Un fourre-tout, c’est bien ce que je disais et pas de principe de choix ! Non, un chaos en devenir, un monde en train d’émerger, une ligne de crête en train de sortir de la brume. Et surtout l’expression d’un plaisir à faire, à créer ! Oui mais cette histoire de filles et de garçons, c’est un principe de choix ! Ah, ça oui, évidemment ! Et sur quels critères ? Toujours les grands mots ! Nous ne sommes pas l’histoire qui juge nous sommes l’histoire qui se fait, qui s’écrit.

Alors on ne peut pas dire le goût qu’aura le plat qu’on va vous servir avant de l’avoir cuisiné ! Vous pourrez toujours nous faire part de votre jugement une fois que vous l’aurez goûté. En attendant, vous connaissez les ingrédients ! Beaucoup de filles et quelques garçons ! Voilà. C’est tout !

II.

Ensuite, il y a eu les œuvres et les rencontres. Car c’est de rencontres qu’il est question ici. Non que la galerie serve d’annexe à une agence matrimoniale ! Elle sert plutôt de point d’ancrage à des regards sur des démarches qui sinon continueraient de s’ignorer.

C’est donc à une triple fonction que répond cette exposition :
- montrer des œuvres qui constituent toutes ou presque une option singulière relative à la compréhension de ce qu’est une « image » aujourd’hui,
- insister sur le rôle des femmes dans cette constellation des pratiques artistiques,
- affirmer une position « inventive-critique » dans le champ des pratiques artistiques en privilégiant l’approche de l’œuvre à partir de la notion d’essai, de tentative, de programme en cours, de projet en mouvement.

III.

Inutile d’égrener les noms et de détailler les œuvres ici. Il importe plutôt de constater combien les positions de cette quinzaine d’artistes se sont révélées être congruentes. Ce que ces œuvres ont rendu perceptibles, c’est combien ce que l’on appelle l’art est un champ d’élaboration de réponses à des questions sans fond. Réponse ne signifie pas clôture d’un débat par imposition d’un imprimatur sur un document désormais refermé. Réponse signifie tenter de rendre compréhensible et donc supportable par son psychisme des écarts qui sinon resteraient insupportables. On ne soigne ni le mal ni le malade, on permet à l’un de devenir pensable et à l’autre de devenir sujet. Cela vaut pour l’artiste acteur de l’œuvre mais aussi pour le si mal nommé spectateur qui en fait est un personnage sinon en quête d’auteur, du moins en quête d’indications sur les chemins à parcourir et sur les pauses à faire pour parvenir à mieux s’orienter dans le monde, terre, ciel, univers, et labyrinthe des passions compris !

C’est pourquoi l’on a pu voir des choses qui nous permettaient d’accorder le très loin ou le très-haut avec les si proches et le sous les pieds, les marges des formes et l’immensité de la miniature, l’infinité de points avec la carte du monde, les mots d’hier en train de devenir des mots de demain, des blocs de ruines se tenir comme des affirmations et des paysages s’enfoncer dans la mémoire.

Il n’y avait ainsi rien moins que presque tout dans ce lieu de taille restreinte, comme quoi il suffit de peu pour que quelque chose du monde devienne pensable. Car c’est ce qui importe, que ce qui passe par l’émotion puisse aussi être converti en supplément d’intelligence des choses et des êtres.
À bien y regarder quelque chose comme cela a eu lieu, dans cette galerie, pendant quelques semaines !

Avec :
Yun Aiyoung
Joëlle Bondil
Chong Jae-Kyoo
Alys Demeure
Philippe Fabian
Femlink-ART
Elodie Fradet
Martine Heyner Catois
Sandra Lorenzi
Diane Mazloum
Pier Paolo Patti & Ciro Vitale
Sophie Patry
Magnus Petersson
Stéphanie Raimondi
Virginie Rochetti
Thomas Zoritchak

MAMIA BRETESCHE GALLERY
77, rue Notre-Dame-de-Nazareth 75003 Paris
www.mamiabreteschegallery.com