Entre le passé et notre époque, la différence vient de ce qu’actuellement, tout est photographié. Il n’existe plus de misère cachée, toute misère étant devenue chose publique.
Cela a pour seul effet que tous s’y habituent plus facilement.
Naguère, on pouvait faire semblant de n’en rien savoir. Aujourd’hui, on fait semblant d’être impuissant, sachant trop de choses.
Toutes les conversations, même celles entre amis, sont devenues plus hypocrites. Trop de sujets alimentent l’indignation. Chacun, chaque jour, apprend toutes sortes d’horreurs.
Mais celui qui en conclut que rien ne le regarde, précisément parce qu’il y a trop de choses, sait néanmoins ce qui se passe. Ni un sourd ni un aveugle ne sauraient y échapper tout à fait, et même un idiot sentirait qu’il y a de quoi trembler, ne serait-ce que pour soi-même.
Ainsi, tout instant de fausse quiétude est une hypocrisie sans fond.
Élisa Canetti, Le territoire de l’homme.
Après les agapes du Numéro 69, un numéro 70 plus resserré, mettant en avant quelques habitués de la revue.
Jean-Louis Poitevin poursuit avec sa Logiconochronie XIX son exploration des points de chauffe de la subjectivité, ici avec un texte sur la chance qui fut publié en son temps dans la revue Nuke.
TK-21 LaRevue ouvre ses portes à [quotidien d’atelier], un projet hors norme de Stéphane Mortier qui a déjà filmé trente artistes dans leur quotidien de travail. Nous nous associons à ce projet dont nous présentons aujourd’hui les premiers exemples, premier moment de l’intégrale à jamais impossible puisque ce projet se veut sinon infini du moins interminable. Stéphane Mortier répond à quelques questions qui permettent de mieux appréhender ce projet sur lequel nous reviendrons plus en détail par la suite.
Bon voyage donc !