lundi 1er mai 2017

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Ondulations et vibrations

Images d’Isabelle Gressier

, Isabelle Gressier et Jean-Louis Poitevin

Isabelle Gressier à travers ces quelques images tente quelque chose de simple, montrer le corps comme une entité susceptible d’autre chose que de porter un visage ou d’être le réceptacle d’une personne. Elle s’approche de la peau et en révèle des surfaces irisées jouant à devenir paysage, un paysage de plis d’ondulations et de vibrations.

Il y a le cadre, la ligne médiane qui coupe et relie deux ou trois clichés. Cette coupure renforce la manifestation visuelle de ce qui a lieu pour ce corps, à savoir qu’il est comme traversé d’ondulations. On pourrait dire de plis, ou de pliures, mais cela laisserait planer le doute quant à l’intention d’un geste qui serait cause des plis.

Ici, ce qui est à voir, c’est quelque chose comme une onde qui traverse et module une surface. Elle entre en résonance avec de la peau nue qui n’est pas à priori érotisée, une peau comme une surface neutre ayant certes sa propre vie mais qui se trouve ici entraînée dans un voyage paradoxal, un voyage qui tend à révéler la capacité d’intériorisation que contient une surface. À moins que ce ne soit l’inverse et que ces plis loin d’être l’effet d’un vent invisible venu du grand dehors soient les manifestations de courants telluriques en provenance du grand dedans. Alors, la peau se révèle être le seul et unique vecteur de la transmission au regard de ce qui en temps normal agite ventre et veines, cerveau et poumons, lymphes et artères.

À ceci près qu’il y a une certaine forme d’ordre dans ces ondulations et une certaine tenue. C’est qu’une vague pour être vue doit être répétée, revenir semblable quoique non identique et pourtant sœur à jamais de toutes celles qui précèdent.

Le corps alors n’est plus tant paysage que surface offerte à des jeux plastiques purs, entendons qui ne sont motivés par aucune intention et qui pourtant ont lieu. Le corps est une outre à résonance qui, par les plis dont il est capable, une plasticité sans nom et dont on cherche encore à déterminer qui en serait l’auteur, s’invite « à l’éternelle fête des Trônes, des Vertus, des Dominations ».