samedi 29 octobre 2022

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Ogresse va - Tristan Félix

, Jean-Paul Gavard-Perret

Tristan Felix tranche les mots mais jamais pour les mettre kaput.

Elle en découpe lard dans les pièges de sa sein-taxe. La langue s’étrange dans des filatures de roues-baies. Pour preuve ces vingt-cinq nouvelles en proses poétiques segmentées tirées de derrière fagots par la bucheronne des maux.

Il y a là des fonds de paries fines où le bouc au besoin est assis à la place du maure, il fait partie des ces animaux malades de la peste qui les fait bouquiner à livre ouvert une pensée sauvage et mutine qui flirte avec l’effroi et lutine des abîmes du matérialisme ambiant.

L’indomptable ingérable nous fait traverse l’ire lande et séance à peine tenante dans le carnaval des miasmes et des folies d’attarde sur des animaux si humains trop humains qu’ils nous filent la pétoche. Avant de proposer des sortes de seins thèses de paysages et portraits en repons.

Nous voici reporté dans une suite au cycle d’ « Ovaine » afin que nous y pédalions dans la choucroute. L’âminal y déploie ses stupres et ses fourmis-cations. Si ce n’est pas la mère à boire, cela donne l’ivresse jusqu’au bouc et son vile brequin qui lui servait jadis a faire vibrer le saint frusquin de celle dont il était plus le clown à fil que le mari honnête.

Tristan Félix crée donc une nouvelle fois des fictions amarrées au plus haut. Et les nouvelles sont comme des glandes ma mère projetée au plus haut par une telle reine. Chacun d’imaginer leurs perspectives qui font de tels alibis une incarnation moins molle qu’en granit.

De tels animaux ne sont plus de ces zouaves condamnés à faire les cons sous le pont de l’Alma là où roucoule celle qui via ses fictions garde l’art de se mettre en Seine jusque près de la mer d’Irlande.

Lectrices et lecteurs se heurtent à de telles turbulences qui rappellent au bouc que suivre certaines femmes mène nulle part même si elles lui en réserve la meilleure.

Les voici emportés dans un bastringue d’âge dont le potentiel est toujours ras d’yeux et de vagues. L’auteur par sa vis comica fait éprouver des délices onctueux dont la pudeur est exclue et pour des opérations qu’ignore le Saint-Esprit.

Dans un emboîtement de sornettes, jamais les poulettes claquent des dents face au ver de leur Adam. Le jus de telle nouvelle est astringent et il n’a pas besoin d’être dégusté une paille entre leurs lèvres.

La bête est là sur un nuage et au besoin lâche sa verveine à qui se laisse gravir l’échine en se faisant au besoin tirer ses cheveux. Ici le bouc, estomac dans l’étalon, se moque que les femmes mantes si peu religieuses aient menti sur leur âge et que soient nés depuis bien longtemps celles et ceux qui les ont vu naître.

Bien plus que chez Mallarmé et ses coups, la poésie avance à dé couvert. Ses coups abolissent un certain hasard. Et c’est pour les maraudeurs de la littérature une aubaine. Tristan Félix reste l’inspirée inquiète, l’imprévisible qui avance en trompe l’œil face aux éloeufants que sont ses lecteurs et qui avancent trompe en l’air pour profiter des farces de la providentielle.

Bref, les ténébreux et les consolés ne s’en lassent jamais. L’auteure ne les remise pas dans une voiture balais. Il y a là le « prépuscule » de dieux qui avant elle croupissait dans une flaque de lait.

Tristan Félix, Les hauts du bouc & autres nouvelles, coll. Freaks, Editions Aethalides, 2022, 128 p.
Revès ou crève, Tinbad, Paris, 2022.