Le balancement des nuages

Là où le vent passe, il se passe quelque chose, une érosion, une modification des courbes du sol, un mouvement de nuages, du sable qui vole,...
le vent est informe, immatériel
on saisit sa présence par les effets qu’il provoque, y compris sur la peau, les cheveux
(…) Catherine Noury

On peut dire à l’aulne d’un Baschung que le monde de Catherine Noury fait la trêve. Dans la curiosité ventée du minuscule au cosmique, il funambule dans une variation propre à l’artiste entre document et étonnement. Ici d’abord, dans un absolu photographique, hors de la respiration poétique et libre très souvent entretenue au monde végétal, Catherine Noury se balance aux seuls nuages médités comme l’a proposé Alfred Stieglitz dans la suite emblématique des Équivalents. Elle attrape en ses épuisettes les nuances de ciels respirés, navigue à vue à leurs écumes. Là encore, Les Iles, œuvre de sculpture, nous suggèrent dans une histoire plus politique des drames en noir de la Bretagne ou d’ailleurs, ce qui ne se dit, ce qui se fait et se défait. Au Pavillon, les histoires un peu mystérieuses et énigmatiques racontées en des discrets déplacements de paysages, sont celles d’un temps qui se souffle avec lenteur.

Hervé Rabot. Le Pavillon, Décembre 2014.

on aurait pu tout dire en regardant les nuages
des mensonges, des vérités dissoutes, des aveux, des questions
on aurait pu les tutoyer à perpétuité de pluies droites, de clignement de fardeaux gris
on aurait voulu être arpenteur de nuages, bâton en main planté dans la vapeur tout en n’abîmant rien
une démarche souple chaussés de raquettes en cheveux d’ange
(...) Hélène Lanscotte