mercredi 23 septembre 2015

Accueil > Les rubriques > Images > Le Corps-Temps

Le Corps-Temps

Les Rencontres Parisiennes de la Photographie Contemporaine de 2015

, Comité de rédaction et Jonathan Abbou

Expliquer cette thématique du « Corps-Temps », nous ramène à expliquer l’émergence de nouveaux concepts, issus de l’observation des phénomènes concrets.

« Expliquer cette thématique du « Corps-Temps », nous ramène à expliquer l’émergence de nouveaux concepts, issus de l’observation des phénomènes concrets. Souvent leur originalité est qu’ils peuvent se définir, simplement, par l’association de deux signifiants communs. Par exemple, par l’observation du vivant, des auteurs comme Husserl ou Merleau-Ponty, en associant deux mots simples, le « corps-propre », pouvaient définir la notion du corps ressenti, de schéma corporel. Plus près encore, le psychanalyste, Didier Anzieu observera qu’il se crée un épiderme fantasmé, une enveloppe corporelle, qui englobe la mère et le nourrisson et qu’Anzieu appellera le « Moi-Peau » !

Martial Verdier, Elisabeth
Martial Verdier

C’est donc tout naturellement, en observant la multitude des travaux des photographes choisis pour les Rencontres Parisiennes de la Photographie Contemporaine, que l’on pouvait entrevoir le dessin d’une certaine tendance expressive, mieux encore, une notion picturale cohérente, un fil conducteur entre tous ces auteurs. C’est de cette constatation que se sont imposés deux termes simples, qui aspiraient à englober ce ressenti : le « Corps-Temps ».

Jonathan Abbou

Toutes ces images autour du corps et du temps forment un immense cabinet de curiosité, et si l’on rajoute un trait d’union entre les deux termes, s’opère un glissement sémantique, qui renvoie à une homogénéité. Le visiteur ne manquera pas de le remarquer lors de cette exposition collective faite par et pour les curieux !

À travers la photographie, le corps devient surface réfléchissante du temps et le temps une abstraction révélée sur (et dans) ce corps, à la manière de la physique qui appréhende le temps par l’espace et inversement.

Ainsi, pratiquement toutes ces images proposées du « Corps-Temps », nous permettent de voir, quelque chose d’autre du corps et du temps, une réorganisation structurelle en un tout, un saut conceptuel, et c’est bien là l’intérêt de cette thématique, nous amener à voir plus loin que le corps et le temps. Pour certains auteurs, ce corps s’exhibe dans sa chair, dans ses vanités, pour d’autres, il disparaît ne laissant place qu’à ses contours, voire aux vêtements qui le protègent…

Pour conclure, je dirai que je n’ai pas encore vu à Paris, une manifestation de cette ampleur depuis octobre 1995, où le Centre Pompidou proposait l’exposition Masculin-Féminin ; le sexe dans l’Art. C’est bien après ces 20 ans de manifestations artistiques à Paris, qui ont vu progressivement glisser la photographie soit vers le « documentalisme réalisme », soit vers la désincarnation de l’humain dans le conceptuel, qu’il me semblait important de réhabiliter une photographie artistique, qui nous parle des autres mystères qui fondent notre humanité.

http://www.normal-magazine.com/rencontres-parisiennes-de-la-photographie-contemporaine.html

Jonathan Abbou