dimanche 26 avril 2015

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La photographie par le fondement

que reste-t-il de la photo ?

, Bernard Lantéri et Martial Verdier

La photographie est liée au sujet, on nous l’a assez dit !
Ha bon !
On raconte vraiment n’importe quoi quelquefois.
Mais je ne dénoncerai personne.


Comme si nous vivions encore dans l’illusion de l’image magique que le Deus ex machina de l’appareil transpose dans la boîte, comme un petit démon qui peint la photo à toute vitesse.

Comme si le monde devant nous n’était pas un complexe assemblage de réalités multiples, physiques et humaines.

Si le monde est magique alors c’est l’octarine, la huitième couleur, qui peint la photo. Mais si le monde est raison, alors c’est l’artiste qui travaille et qui crée son univers et le sujet alors il ne veut rien dire, c’est l’artiste qui parle.

Un professeur des beaux arts : « la photo c’est nul, ce n’est que de la sculpture avec de la lumière. »
Excusez du peu.

Bernard Lantéri n’a jamais entendu cette réflexion, il sculpte donc ses photos avec de la lumière, pas trop pure, rien de divin, non pas incidente, mais réfléchie. Il faut la faire travailler tout de même, avant et après.
Le photographe la manipule, la tord, va la chercher dans ses retranchements, et nous la montre organisée et cadrée. Car il y a composition, nous sommes devant de vraies images, n’en déplaisent aux barbons, structurées, pensées, trouvées.

Pour nous éclairer l’artiste résume la base de sa technique :
« …
créer exclusivement des formes personnelles par la lumière, avec des projections lumineuses sur une feuille de papier ordinaire, donc sans aucun prélèvement d’éléments existant dans la réalité environnante. »

Et donc, qu’est ce que ça veut dire tout ça ? La photo ça doit montrer quelque chose !

Et le peintre me dit : « La photographie, j’ai horreur de ça. Ça ne montre jamais ce que je vois !… »
Peut être alors qu’il faut se souvenir que c’est le regard du photographe qui crée d’abord et que le sujet et le concept ne viennent qu’après, comme alibi.
Ensuite c’est le travail du regardeur, à 50% comme disait papi Marcel.

Et puis en fait la seule chose importante est de se raconter des histoires à notre œil.
Bernard Lantéri nous raconte de longues sagas. Il construit de longues séries d’images, les plus brutes possibles, un peu de lumière et un appareil. Un huis-clos de création parfait, le photographe et son modèle, dans la concentration de la création.

Au final il renvoie la photo à l’essentiel, à son fondement, car dans cette économie de moyen elles contiennent à chaque fois toute une déclinaison de mondes.