LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue n°102


Éditorial

« L’horizon est une fiction que le réel ignore.
L’horizon est une ligne imaginaire qui s’incruste là où se limite la vue dont les hommes sont capables.
Sur cette ligne chimérique l’âme toute linguistique des hommes écrit ses départs ».
Pascal Quignard ( Les larmes, p.194)


TK-21 LaRevue
est heureuse de vous accueillir pour cette nouvelle année 2020 qu’elle souhaite créative et chaleureuse à tous ceux qui la font comme à vous qui la lisez.

Le N° 100 a été un succès car nous avons comptabilisé plus de 15 000 visites. Espérons que ce niveau deviendra notre étiage habituel pour cette nouvelle année.

Ce Numéro 102 est marqué par la présence de trois nouveaux auteurs, deux femmes et un homme. La première, Marguerite Pilven, est critique d’art, membre de l’AICA, philosophe et curatrice, très impliquée sur la scène contemporaine. La seconde, Romane Charbonnel, est une jeune chercheuse en esthétique à Paris 8, à la plume incisive et précise. Le troisième, Pedro Azuru, est un philosophe vénézuélien en exil à Paris depuis un an, ville où il avait séjourné au début des années quatre-vingts. Professeur retraité de l’Universidad de Los Andes de Merida, il a publié plus d’une dizaine d’ouvrages portant tous sur divers aspects de l’esthétique contemporaine. Il publie, ici, un texte écrit directement en français.
 
 
Femmes

Les femmes artistes et auteurs ont toujours été présentes dans TK-21 LaRevue. Ce numéro va contribuer à montrer la réalité de cet engagement concret.

Dominique Moulon nous présente dans un article particulièrement éclairant sur les artistes femmes dans l’art numérique, les divers courants qui traversent ce champ encore nouveau à travers l’analyse détaillée de l’œuvre de huit d’entre elles.

Marguerite Pilven présente les dessins de l’artiste Élise Beaucousin à travers un texte juste saisissant avec précision « le mouvement, la lumière et leur passage infinitésimal » animant ces œuvres.

Romane Charbonnel exerce l’acuité de son regard et la pertinence de son analyse à travers la première partie d’un texte sur l’artiste perfomer Alberto Sorbelli. Elle montre en particulier que son oeuvre est avant tout « forme-de-vie ».

Catherine Ludeau revient dans la revue à l’occasion de sa nouvelle exposition à la galerie Hors Champs. Son travail est présenté par Hannibal Volkoff, photographe bien connu de nos lecteurs et directeur artistique de la galerie, qui remarque que dans ces nouvelles oeuvres « il s’agit de mêler plusieurs dégradés et de les faire communiquer dans un ensemble commun. »

Bernadette Delrieu expose en janvier à l’espace ICART d’Issy-Les-Moulineaux son travail récent sur le paysage. Un texte de Christian Limousin nous montre en quoi, ici, « La photographie et la peinture sont ainsi devenues des sortes de vases communicants lui permettant d’approcher et d’exprimer la mystérieuse et magique beauté du monde dans lequel nous sommes. »
 
 
Lointains

Tahiti

Internationale, TK-21 LaRevue l’est assurément et aussi ouverte aux territoires français les plus lointains comme en témoigne avec leur première apparition dans le N° 100 la présence cette fois documentée des œuvres de Mara, le grand sculpteur tahitien, et de Jonathan Bougard, qui nous l’a fait connaître. Ce dernier, artiste, écrivain et réalisateur, montrera un choix de dessins du 27 au 31 janvier à la galerie Hors Champs.

Vaiere Mara est le premier sculpteur tahitien à signer de son nom. Il nous est présenté ici par son fils Mateha Gilles Mara à travers un entretien et ses œuvres nous sont, elles, présentées par Jean Duday. On y découvre qu’il travaille un matériau rare, le corail. « L’artiste choisit le bloc de corail brut, il l’attaque de ses outils pour lui donner forme, avec des gestes simples et authentiques, travail physique associant intimement le corps et l’esprit. Il entame le corail et le modèle par le disque, la meule, la râpe et le ciseau. » Jonathan Bougard a réalisé un film sur Mara qui sera présenté au Musée du Quai Branly le 23 janvier dans le cadre d’un cycle cinéma des Océanistes.

Jonathan Bougard nous ouvre également la boîte de Pandore dans laquelle est conservé son propre travail plastique de dessins et de peintures. Un texte de Fabrice Petitjean éclaire à la fois son parcours et ce qui l’a conduit à s’installer à Tahiti depuis plus de quinze ans, tout en multipliant ses activités et en continuant d’avoir un travail plastique intense. Fabrice Petitjean remarque en particulier « qu’en somme, l’art de Bougard parle le langage de l’affectivité archaïque, et pas celui de l’humanisme occidental : c’est ainsi qu’il faut l’appréhender. »
 
 
Taïwan
 
Autre signe de la dimension internationale de la revue, les relations étroites nouées depuis plusieurs années avec Taïwan. En témoigne dans ce numéro l’article cosigné par Hooi-Wah Suan et Wei-Shiuan Sun et publié en trois langues, français, anglais et chinois. Il porte sur la restitution d’une résidence photographique sur la culture Hakka, à laquelle a participé TK-21 LaRevue en octobre 2019.
 
 
Philosophie

La philosophie, l’esthétique, la théorie des images font partie de « l’adn » de TK-21 LaRevue qui s’est toujours positionnée comme un lieu de réflexion sur les images aujourd’hui. Le champ de réflexion s’étend en particulier depuis la reprise du séminaire de Jean-Louis Poitevin. Le centre du questionnement s’est, cette fois, déplacé vers la question du mensonge, sujet qui comme on le sait est très souvent associé aux images et à l’usage que l’on peut faire d’elles. Ce second volet, en décembre dernier, portait sur l’analyse d’œuvres de Tertullien et sur la question du spectacle. La vidéo de l’intervention de décembre et le texte des notes préparatoires sont accessibles ici dans cette Logiconochronie XXXXIII.
Le prochain séminaire consacré à l’œuvre de Guy Debord se tiendra Galerie Hors Champs le 29 Janvier.

Pedro Alzuru, dans la suite de son dernier ouvrage paru au Vénézuela en 2018, étudie les quatre derniers livres des cours de Michel Foucault au Collège de France et tente de dresser pour nous dans ce premier chapitre - sur les huit que comptera cette publication, le portrait de ce qu’a pu être, ou pourrait être aussi aujourd’hui, une spiritualité païenne.
 
 
Photo video

Souvent considérée comme une revue de photographie, TK-21 LaRevue assume le fait de souvent privilégier ce medium sans renoncer à être comme on peut le voir une fois encore dans ce N° 102, une revue largement ouverte sur les autres pratiques artistiques et les lettres.

Dans ce champ des pratiques photographiques, nous présentons ici le travail rarement montré de John Carrid, Backrooms, un travail aussi exceptionnel que toujours dérangeant. « Ces photos ont été prises entre 2016 et 2019 avec un appareil Polaroid Fuji Instax Wide 300. A travers tous les backrooms de la capitale, la nuit entre 20 h et 5 h du matin. »

Dans le cadre de notre partenariat avec Corridor Elephant nous publions des images de Jean-Luc Aribaud qui nous conduisent au seuil de ce qui constitue peut-être le secret de notre modernité, les « zones après catastrophes ».

Images mentales et images en mouvement, Virginie Rochetti, une fidèle de la première heure, nous invite à sa Joy Party, une manière de finir avec bonheur la vieille année. Une performance électro jazz Vjing avec Paul Brousseau, au 100ecs, 100, rue de Charenton, Paris 12e pour clore le festival 12x12 du 12e arrondissement.

Qui dit images dit évidemment images mobiles, images vidéo. Hervé Bernard a réalisé lors de sa visite de la biennale de Lyon un court film intitulé Ne pas stocker inspiré d’une performance de Malin Bülow, film accompagné de Dans les couloirs du ventre cosmique, un court texte de Jean-Louis Poitevin.
 
 
Littérature

Comme dans chaque numéro ou presque, la littérature trouve place dans TK-21 LaRevue.

Laetitia Bischoff, qui nous offre le plus souvent des chroniques liées à l’art, mais qui est avant tout poétesse, a réalisé cette fois un photoème autour de la figure de Cyrano de Bergerac, un ensemble texte et images dans lequel elle laisse parler les fantômes qui la hantent.

Alain Coelho poursuit la rédaction de son livre Images d’aurore dont il nous livre le troisième chapitre de la seconde partie. On y apprend comment dans le Tunis des années cinquante il était possible d’apprendre à lire avec Hergé et tout particulièrement l’ouvrage intitulé Le secret de la Licorne.

Joël Roussiez clôt ce numéro avec un très court texte dont il a le secret qui se place sous les auspices de Nézami, l’immense poète persan (vers 1141-1209), célèbre aujourd’hui encore jusque dans nos contrées pour avoir su donner une forme à l’histoire qui enflamme encore les esprits et les cœurs de l’orient, celle de ce couple mythique Leïla et Madjnuoun.

Les vœux de TK-21 LaRevue.


Photo de couverture : Huang Wen Yong | Pont de Ping Supérieur, Taïwan.

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